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Depuis l'introduction de la radio comme appareil domestique, le pouvoir s'est employé - par  le biais de la radiodiffusion et du contrôle des fréquences - à créer des modèles et des formats  qui véhiculent son idéologie et sa vision de l’État, de la société et, au coeur de cette dernière, de la famille. 

À travers les émissions radio, cette charge atteint le citoyen/auditeur afin qu'il soit tenu au  courant de l’actualité, mais également pour qu'il mesure sa vie, ses actions et ses pensées par  rapport aux membres d'une communauté imaginée qui, pareillement, écoutent la radio. Aussi, le pilier sur lequel repose cette relation entre l'autorité et l'individu est la langue. Suite  à leur indépendance, certains pays (dont l'Égypte et l'Algérie) se sont efforcés de mettre en  place, chacun de son côté, un « dialecte blanc » via lequel s'adresser à leurs citoyens. Les  dialectes des régions et quartiers en dehors de la capitale sont ainsi occultés pour laisser place  au dialecte blanc métropolitain, qui prévaut sur tout le reste et enseigne aux « citoyens nouveaux » la manière dont ils doivent parler. Bien évidemment, il n'existe pas de décrets  officiels indiquant aux présentateurs de radio et aux acteurs la manière dont ils doivent  s’exprimer, mais les producteurs, auteurs de feuilletons radio et autres présentateurs  vedettes évoluent tous dans un même cercle qui fait du dialecte blanc un "broyeur", un  moulin où dialectes et particularités n'entrent que pour ressortir simplifiés et assimilés. Le  dialecte blanc ne laisse aux accents ruraux et lointains que des espaces restreints, dans le  contexte de pièces satiriques, sketches, blagues et personnages que les comédiens imitent.  Ainsi, le dialecte rural se trouve stigmatisé, folklorisé, et n'est mentionné que pour être  ridiculisé, lui et ses locuteurs, comme cela s'est produit en Algérie avec les dialectes de Jijel,  Médéa et Mouaskar, et en Égypte avec ceux des zones rurales de la Haute-Égypte. 

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