top of page

Durant plusieurs décennies, nombreux sont ceux qui ont comparé l'"État post-indépendance"  de l'Algérie à celui de l'Égypte. Cette mise en parallèle tourne autour de la centralité de  l'armée et la cohésion relative des institutions étatiques dans les deux cas,surtout par rapport  aux autres pays de la région. Est-ce bien exact ? Oui, et non. La République arabe d'Égypte a  été créée en 1952, sur les ruines d'une monarchie vieille de plusieurs décennies, issue d'un  État ottoman ayant précédemment "acquis son indépendance" vis-à-vis du sultan. L'armée  égyptienne n'était, quant à elle, pas encore née en 1952. En contraste à cela, l’Algérie s’était  défaite de la présence de l’empire ottoman, de sa flotte et de son pouvoir, pour vivre ensuite  un colonialisme à part entière qui lui a fait construire de toutes pièces un État et une armée,  dont le cœur s'est formé pendant la guerre de libération. Néanmoins, il y a une part de vérité
dans cette comparaison. Comme si quelqu'un avait pris le patron sur lequel a été cousue la  République des Officiers en 1952 et en avait fait naître - dix ans plus tard - la République du  Front de Libération ; avec tous les compléments essentiels, depuis le programme du Parti  Populaire de Masali Hajj sur lequel s'est bâti le Front de Libération, jusqu'aux propositions de  Franz Fanon sur lesquelles s'est partiellement appuyé Houari Boumediene. Mais l'idée d'une  république à parti unique, avec en son cœur et en son esprit les renseignements militaires  (ici) et la guerre (là), est issue d'une manière ou d'une autre des pays du tiers monde qui  vivaient leurs vagues de libération, et l'Égypte semble pour l’Algérie être un parallèle plus  proche et plus adapté que la Yougoslavie, par exemple.

bottom of page