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Dans son livre Mirages de la carte. L'invention de l'Algérie coloniale, la chercheuse française  Hélène Blais explique que les topographes qui ont accompagné l'expédition française en  Algérie après 1830 ont été eux-mêmes affectés par les changements survenus dans leur  métier suite à la Révolution française : lesterrains de la région prirent en effet le nom de leurs.

vallées, sources d'eau, montagnes, etc., remplaçant ainsi les noms des nobles, ducs et princes  présents depuis des siècles. Ils firent cela avec des régions entières qu'ils ne pouvaient  reconnaître ni par leurs noms ni par leurs formes, et passèrent des décennies à les traverser, 

à les dessiner et à leur donner des noms étrangers ou liés aux vallées et montagnes voisines, après avoir détruit le système des tribus et des trônes et l’avoir dépossédé de ses terres. 

Le colonialisme domina alors le territoire qu'il façonna par la plume et l'épée durant 132 ans,  et en fit un laboratoire d'expérimentation de diverses idées en matière d'urbanisme,  d'agriculture, d'économie, de mélange des races et de répression, par le biais de brigades de  police sophistiquées. Tout était bon à tester sur ces terres que les Français nommèrent et  modelèrent à leur guise. 

Pour les Algériens, la réappropriation du territoire au lendemain de leur indépendance en  1962 fut une expérience difficile, qui se poursuit jusqu’aujourd'hui.

Militairement,  économiquement et administrativement, il leur a fallu pour ainsi dire détruire et reconstruire  le sens sans toucher à la moindre pierre. Parmi les moyens utilisés dans les années 1960 et  au début des années 1970, à la fois ciblées et populaires étaient ce que j'appelle les "chansons  météo". 

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