top of page
blk-comm-panthers-680_cover.jpg

En 1969, l'Algérie se prépare pour le Festival culturel panafricain, appelé aussi PANAF en  abrégé. Toutes les nations africaines y sont invitées, et même des pays "amis" hors de  l’Afrique : l'Union soviétique, le Vietnam, Cuba ... une grande fête pour les États non-alignés  et les régimes anticoloniaux. L'Égypte était présente, Youssef Chahine convié en tant  qu'observateur et invité d'honneur du festival, ainsi que plusieurs noms de la presse, de la  littérature et du cinéma. Dans le guide du festival, nous pouvons lire un texte d'Abdel Aziz Al Ahwani, directeur de l'Institut des arts dramatiques et musicaux du Caire à l'époque, dans  lequel il est question de musique africaine en Égypte, du Nil, du paysan égyptien et des  instruments de musique de l'Égypte ancienne. Il mentionne ensuite la première conférence  de musique arabe qui s'est tenue au Caire en 1932, et la déception des orientalistes qui y ont  assisté et ont vu le développement de la musique arabe. Pas un seul mot sur Umm Kulthum  ou Sayed Darwish.

Capture-d’écran-2017-03-30-à-21.25.45-1.

Le festival a duré un mois entier, durant lequel l'artiste sud-africaine Myriam Makeba a chanté  "I Am Free in Algeria" et reçu la nationalité algérienne. Ce fut une occasion pour renforcer  l'image de "l'Algérie : Mecque des révolutionnaires" puis après cela, chacun est rentré chez  soi. En résumé : Oum Kalthoum n'était pas du goût de ceux qui étaient au pouvoir à l'époque.  Peut-être n'était-elle pas assez révolutionnaire, selon Boumediene, avec son orchestre  complet, ses longues pauses sur scène et, à travers sa voix, la transmission de décennies de  poèmes et compositionstémoins de l’ère monarchique. Par ailleurs, Oum Kalthoum n'est que très rarement citée dans la liste des musiciens populaires en Algérie, à la différence de Farid  Al-Atrash par exemple. Il y a en effet plus d'un témoignage de joueurs de oud et de chanteurs  de chaabi en Algérie de leurs rencontres avec lui dans les cabarets de Paris dans les années  1940 et 1950, et sur l’influence qu’a pu avoir son jeu sur le leur. Même Ahmed Wahbi, le  fondateur de la musique oranaise contemporaine, a été très inspiré par Mohamed Abdel Wahhab. Avec ces quelques éléments que j'ai essayé de rassembler, je me suis demandé plus  d'une fois : Était-ce parce qu’elle était une femme ?

bottom of page